Pages

Revue de presse 05/12/2010

4/5/12/2010

Libération, page 3 : "Le nouveau combat d’un agitateur tout-terrain."

« Le7 décembre, c’est le jour où Eric Cantona ira à la banque pour, peut-être, « faire écrouler le système bancaire », afin de produire une « révolution pacifique ».

Par où commencer ? Peut-être en rappelant qu’il n’existe rien de tel qu’une « révolution pacifique ». C’est un oxymore. Il n’est malheureusement pas possible de révolutionner tranquillement au coin du feu. L’histoire a montré que ceux qui détenaient le pouvoir étaient rarement enclins à le céder sur simple demande, et les tentatives révolutionnaires se font à coups de tuiles ou des pavés, pas d'œillets. La révolution n’est pas un état d’esprit et ce n’est pas non plus un amendement à la Constitution. C’est le bouleversement total, radical et définitif de toutes les formes d’organisation sociale et économique existantes, le changement de nature d’un régime et d’un mode de production. C’est aussi, pour finir, un événement historique. Le concept est devenu difficile à appréhender maintenant que le mot « événement » est devenu synonyme d’ « anodin », et l’épithète « historique », de « sensationnel ».Il n’y a pas de théorie révolutionnaire. Il n’y a que des actes, payés au prix fort. Le prix est fixé par ceux qui sont visés par ces actes. Il n’y aura pas de commission paritaire, de haute autorité de surveillance, de conseil d’administration ou de Ministère de la Révolution. Il n’y aura même pas de page Facebook de la Révolution (de la même manière qu’elle n’aurait pas été télévisée, comme avait prévenu le poète, si elle avait eu lieu il y 40 ans aux Etats-Unis.)
« La Révolution Française n’est que l’avant-courrière d’une autre révolution, bien plus grande, bien plus solennelle, et qui sera la dernière. » (V.Maréchal)



Libération, page 12 : « Wikileaks : « on est noyés sous l’information ».

« On ne mesure pas les retombées pour la stabilité dans le monde, la moindre étincelle peut allumer des brasiers », renchérit un Lyonnais.

On serait tenté, à la vue de ce monde, de souhaiter autre chose que sa stabilité, c’est-à-dire, puisqu’il s’agit bien ici de mécanique, sa tendance à demeurer dans un état d'équilibre ou de régime permanent. Les brasiers flambent déjà, qu’on le veuille ou non. L’alternative est différente, en vérité. Les âmes sensibles peuvent choisir, comme ici, de s’en détourner, pour prétendre qu’ils n’existent pas. Les autres s’y réchaufferont les mains, de loin.

« L’entreprise de Wikileaks, loin de faire la transparence et de clarifier la compréhension des populations, participe du brouillage de sens et de la confusion générale des esprits qui caractérisent nos sociétés médiatiques en proie à la « mal info » et à un Internet suspecté. L’appétit est soulevé, mais le soufflé retombe vite. Le doute et le flou recouvrent de leur ombre la lumière qu’on avait cru, un instant, entrevoir. », ajoute Denis Muzet, le 'journaliste'.

"Mal info", même entre guillemets, c'est du Novlangue, très exactement et rien d'autre.

"Il était aussi possible de modifier le sens de presque tous les mots par des préfixes-prépositions tels que anté, post, haut, bas, etc. Grâce à de telles méthodes, on obtint une considérable diminution du vocabulaire. Étant donné par exemple le mot bon, on n’a pas besoin du mot mauvais, puisque le sens désiré est également, et, en vérité, mieux exprimé par inbon. Il fallait simplement, dans les cas où deux mots formaient une paire naturelle d’antonymes, décider lequel on devait supprimer."

"En dehors du désir de supprimer les mots dont le sens n’était pas orthodoxe, l’appauvrissement du vocabulaire était considéré comme une fin en soi et on ne laissait subsister aucun mot dont on pouvait se passer. Le novlangue était destiné, non à étendre, mais à diminuer le domaine de la pensée, et la réduction au minimum du choix des mots aidait indirectement à atteindre ce but." (G.Orwell, 1984)

Orwell fixait la date d'adoption définitive du Novlangue à 2050. Il parlait évidemment de la langue anglaise. Le long travail de traduction du français dans cette langue d'un temps nouveau avait pris, comparativement, un peu de retard. Il est probable que les efforts de Libération et du reste de la presse française permettent bientôt de le combler.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire