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Revue de presse 29/11/2010

30/11/2010

Le Monde, page 10 : "Henri Guaino en guest star chez les catholiques sociaux : huées et concerts d'indignation"

Henri Guaino est allé prêcher la bonne parole auprès des Semaines Sociales de France, une bande de dangereux curés rouges, qui l'ont accueilli un peu comme Jésus au pied du Golgotha, la croix en moins. La salle a tenu bon pendant dix minutes, au prix d'une mansuétude céleste, avant de céder au démon lorsque l'apôtre leur a demandé ce qu'ils avaient bien pu faire "de notre pacte républicain depuis trente ou quarante ans". "Il ne se rend pas compte de ce qu'il représente", commente un participant"... Guaino, "visiblement déstabilisé" d'être tant chahuté alors qu'il avait pourtant pris la précaution de citer Albert Camus dès l'introduction, a vacillé dans sa foi, mais pas trop longtemps non plus : "Une fois qu'on crie Egalité ! , Egalité ! , on n'a pas fait avancer le problème." Guaino, lui, fait avancer le problème avant une telle abnégation, et depuis si longtemps, que le problème a pris de l'élan et avance désormais tout seul, sans plus aucun pleurnicheur pour le freiner de ses remords.

29/11/2010

Libération, page 6 : "La dernière fuite de Wikileaks fait péter un câble à Washington".

"Que serait la diplomatie si elle se déroulait en public ? Voici la réponse à la question, posée ce week-end par le journaliste américain Jeff Jarvis..." Vertigineuse méditation d'un esprit manifestement habitué à penser au bord du précipice, sur un seul pied. Ce métaphysicien de la Carrière nous laisse, hélas, sur notre faim. Heureusement, ce Descartes a son Pascal : Justin Vaïsse, directeur de recherches à la Brookings Institution : "Ces fuites risquent d'être dommageables. Elles vont conduire à accroître la protection des informations, à des destructions de documents et à un renfermement des diplomates sur eux. Au final, elles vont rendre la vie internationale moins transparente et plus secrète."

C'est tout à fait logique. La révélation des secrets va à l'encontre de la vérité et de l'honnêteté. Mais taire ces informations, les envoyer à leurs détenteurs immédiatement après les avoir trouvées - dans la rue, par hasard ! - , voire mieux encore, ne pas chercher du tout à les obtenir, c'est ça la transparence. Trop de vérité tue la vérité. Il faut se contenter de doses homéopathiques officiellement prescrites par un diplomate agréé. Comment voulez-vous que ces gens-là nous confient quoi que ce soit si on ne cesse pas une minute de les harceler ? Avec un peu de patience, et dans quelques millénaires, la diplomatie américaine nous confiera spontanément que John Fitzgerald Kennedy s'est suicidé de deux balles dans la nuque.
On sentait pourtant que ça venait. Des siècles de journalisme diplomatique nous avait rapproché de ce Graal. Et puis... Et puis Julian Assange, qui ne veut pas attendre, qui veut tout pour lui, tout de suite; et le rêve qui s'écroule.

Cette cataracte de lumière tombe d'une hauteur trop grande pour que l'on puisse évaluer la profondeur de l'abîme dans laquelle elle se jette aux cris de ceux qui la reçoivent sur la figure, tout en bas, mais son écume s'élève comme une auréole autour de ceux qui se tiennent deux pas en arrière, sous le vent. Ainsi de "l'administration Obama", obligée de lancer aux risque-tout le rappel solennel de la conscience : "Cette publication va mettre en danger les vies (sic) d'innombrables innocents". L'administration pense sans doute aux Afghans. Ou aux Irakiens. Peu importe. Aux innocents du monde entier, qui tombent sous les balles, sous les bombes, de faim, de fatigue et d'incurie. Salaud, Assange. Paraîtrait même qu'il agresse des femmes. Ca n'a rien à voir, bien sûr, mais si on le tenait, on lui ferait passer l'envie de recommencer. Ou de commencer. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il n'a rien d'un innocent. La preuve, c'est que les innocents sont tous morts ou en danger, comme leur nature l'exige.

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